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le 06 Janvier 2019 à 10:24:00
Le 21ème interview de Colors Of WildLife est consacrée à un photographe d'oiseaux.

Robert Balestra

Robert Balestra


Pour en savoir un peu plus : COW - Robert, tu es connu sur Colors Of WildLife, sous le pseudo de petit-robert . Membre depuis le 21 Juillet 2011, on te croise régulièrement sur les pistes du forum… Mais peux-tu nous tracer en quelques lignes, ton déclic pour la photographie animalière et de nature ?

RB - C’était en 2008, grâce à un copain. J’ai tout de suite été séduit par les premières photos de chevreuils, de chamois ou de sangliers qu’il ramenait,. Et comme lui j’ai commencé à photographier ces mêmes mammifères. Par contre je me suis vite rendu compte que sans un minimum de connaissances naturalistes et de méthodes je ne ferais que leur prendre l’arrière train ! Donc, assez vite je me suis orienté vers l’affût avec des résultats, certes meilleurs que la billebaude, mais assez décevants dans l’ensemble. A décharge j’avais un matériel très moyen à l’époque et vu que se sont des animaux qui sortent souvent qu’à partir de 3 ou 4000 iso…. Ce n’était pas très génial. Bref c’était beaucoup d’efforts pour pas grand-chose.

COW - D'où te vient cette passion pour les oiseaux ?

RB - C’est pendant l’un de ces affûts matinaux qu’un inconnu c’est posé à quelques mètres de moi. Je n’avais jamais vu ce magnifique oiseau. C’est quand il s’est mis à chanter que je me suis rendu compte à quel point mes lacunes naturalistes étaient abyssales : c’était un coucou …… Ce fût le coup de foudre pour cette famille que je trouve beaucoup plus riche et colorée que celle des mammifères..

Souimanga orangé

COW - Parmi toutes les espèces d'oiseaux, y-a-t ‘il une espèce qui a ta préférence ? Et quelle est-celle qui t’a donné le plus de fil à retordre pour l’observer la photographier ?

RB - Dans ma région, je n‘ai pas de préférences particulières pour telles ou telles espèces. J’aime photographier tous les oiseaux qu’ils soient petits ou gros. Mais c’est vrai que dans les montagnes qui m’entourent vivent des espèces emblématiques qui attirent plus que d’autres. Je pense notamment à l’aigle royal, au tétras lyre ou au petit tichodrome échelette. Ce sont les rapaces qui sont le plus difficiles à photographier et plus particulièrement l’aigle royal. Ils sont extrêmement farouches et ne tolèrent pas du tout l’homme à proximité de leurs lieux de nidification. Il faut donc être très prudent et ne pas hésiter à renoncer si tout n’a pas été fait dans les règles. Je suis très sérieux avec çà et jamais une photo a été une excuse pour passer outre ces règles de bon sens.

COW - Photographier les oiseaux suppose parfois des installations plus compliquées que pour des animaux terrestres. Es-tu un bon bricoleur et peux-tu nous expliquer quelques-unes de tes techniques d'affût ou d'approche?"


RB - J’utilise une simple tragopan pour des oiseaux pas trop regardant et des affûts fixes pour les rapaces. Ils sont fait de branches mortes, de bâches et de filets que je laisse à demeure. Je les installe à la fin de l’hiver avant l’arrivée des oiseaux. Ce qui veut dire que mes affûts font parti intégrante de l’environnement des oiseaux quand ils s’installent. Mais vous vous doutez bien qu’on ne le pose pas n’importe où. Çà demande beaucoup d’heures de recherches, d’observations, beaucoup de temps où on ne ramène que de la fatigue. Ça peut paraître ingrat pour un néophyte mais c’est tout le contraire en fin de compte. On apprend beaucoup sur le terrain, surtout ce qui n’est pas dans les livres. C’est le prix à payer pour espérer photographier un accouplement de faucons pèlerin, le nourrissage d’un aiglon ou les disputes de jeunes autours des palombes. En voyage je ne fais que de la billebaude et du coup je suis beaucoup moins exigeant. Sauf en Norvège pour les leks de combattants variés où nous avions pris nos affûts.

COW - Quel est l'oiseau que tu rêves de photographier, ta quête du Graal? & Y a-t-il une famille d'oiseaux que tu affectionnes particulièrement et pour laquelle tu casserais ta tirelire si tu dois aller loin pour les voir et photographier ?


RB - Dans les Hautes Alpes j’ai tout photographié à peu près correctement à part la perdrix bartavelle et la bondrée apivore, mais j’y travaille…. Sinon il y a plusieurs espèces que je rêve de mettre en boite. Le condor des Andes est numéro un sur la liste suivi de près par les oiseaux de paradis de Nouvelle Guinée. L’albatros faisait partie du podium il y a peu de temps, mais c’est chose faite. Sinon j’ai un faible pour les estrildidés (capucin, amarante, astrild etc.…). C’est une famille riche et colorée, C’est toujours une grande satisfaction lorsque je réussi à prendre photo une nouvelle espèce en voyage. Je n’ai pas une grosse tirelire et c’est donc un voyage que je ne ferais jamais. Mais une virée sur le Marion Dufresne lorsqu’il ravitaille les iles du bout du monde (Crozet, Kerguelen, Saint-Paul et Amsterdam), me fait rêver. Sinon la Nouvelle Guinée pour les oiseaux de paradis est plus abordable pour ma bourse. Mais ce n’est pas dans les tuyaux, pas encore.

Albatros
 
COW - Est-ce que pour toi une sortie est réussie dès que tu as vu l'oiseau, ou bien ressens-tu une légère frustration si tu n'as pas réussi à le photographier correctement ? Où places-tu le curseur ?

RB - On se dit toujours que çà serait déjà bien de le voir.…. Mais au final c’est nettement mieux si en plus on fait de belles photos. Donc pour répondre à la question, pour moi une sortie réussie c’est une sortie où je ramène des photos qui me plaisent.

Outarde à miroir blanc

COW - Trois conseils que tu donnerais à un photographe qui veut se lancer sérieusement dans les oiseaux ?

RB -  C’est très difficile de répondre à ce genre de question. Ça ressemble à la question du débutant qui demande quel matériel acheter. Il y a le temps que la personne va consacrer à la pratique, les moyens financiers qu’elle va mettre, ce qu’elle recherche vraiment, va t-elle effleurer le sujet ou rentrer à fond dedans etc.... Autant de facteurs qui font que les conseils ne sont pas toujours aussi judicieux qu’ils pourraient l’être. Une personne qui bosse beaucoup avec une vie familiale bien remplie ne va sûrement pas pouvoir passer des heures et des journées tout seul dans un vallon à surveiller des rapaces pour voir où ils nichent.
Mais si c’est une personne comme moi qui aime aller au bout des choses, il lui faudra tout d’abord du bon matériel. Se serait vraiment dommage de passer autant de temps pour des résultats médiocres à cause du matériel. Ensuite il vaut mieux acquérir de solides connaissances sur les sujets, les biotopes, çà permet de ne pas perdre son temps. On peut faire de belles photos avec de la chance mais çà n’arrive pas souvent. En général il faut la provoquer cette chance et pas qu’un peu. La connaissance des chants est aussi un atout, çà peut paraître insurmontable au début, mais çà vient assez vite. Et puis çà permet de se faire l’oreille, çà m’aide beaucoup en voyage pour débusquer les nouvelles espèces.
Je suis inscrit au groupe local de la LPO à Briançon. C’est très bien pour rencontrer des gens très compétents et pour apprendre beaucoup de choses assez rapidement. Et puis çà permet aussi de ne pas pense que photo.

COW - Tu dis qu'il t'arrive de ne pas emmener l'appareil photo mais que tu n'oublies jamais les jumelles. C'est pas loin du birdwatching ! As-tu déjà participé à une sortie avec des bird watchers ?

RB - Oui j’en fais beaucoup, notament lors de mes innombrables repérages. Pour ces sorties je n’ai qu’une paire de  jumelles, un sac à dos, une gourde et un casse croûte. Les week-end, surtout à la belle saison, je fais aussi des sorties avec notre groupe local LPO où nous utilisons plutôt des lunettes d’observations. Je participe aussi aux comptages (vautours, gypaètes, tétras lyre etc.….). Cet été j’ai aidé à la pause d’une balise sur un aiglon pour la première fois de ma vie, super expérience. Et cerise sur la gâteau, je sais à peu près en temps réel ce qu’il fait de sa vie. Toujours avec notre groupe LPO je participe à la mise en défend des zones d’hivernage du tétras lyre pour que les skieurs ne les dérangent pas trop et plein d’autres choses pour aider nos amis à plumes. Bref je ne fais pas que les prendre en photo, je leur renvois de temps en temps l’ascenseur quand je peux.

Damier du Cap

COW - Comment choisis-tu tes sujets, leur environnement, les conditions de lumière et quels sont les réglages photographiques que tu utilises pour obtenir ces photos aux tonalités douces et pastels qui je trouve caractérise ta "patte" et rendent particulièrement bien sur le plan esthétique ?

RB - Je ne choisis pas l’environnement, c’est l’oiseau qui le fait à ma place. Pour le reste, comme je ne fais quasiment que de l’affût, j’essaie de choisir mes angles et mes éclairages, mais c’est rare quand tout va comme je veux.
Pour le rendu des photos, j’ai un excellent matériel que je connais très bien (Canon 1Dx – Canon EF 500 mm f/4L IS I USM). En général je travaille en mesure pondérée centrale entre 640 et 1600 iso. Je ferme si j’ai trop de vitesse et l’inverse si j’en manque, au-delà de 2500 iso je plis bagage. Bien entendu je fais du RAW et je traite mes images avec Photoshop. Je m’applique beaucoup à la prise de vue et je ne compte jamais sur le post-traitement. A présent si je me loupe sur des prises de vue, je jette (sauf raretés). Je ne passe plus des heures à retoucher une image. Je pars d’un pricipe qu’un bon post-traitement est un traitement qui ne se voit pas. J’y vais donc tout doux sur les curseurs et un RAW ne me demande en général pas plus qu’une poignée de minutes (un peu plus si j’imprime). Une belle photo peut devenir très belle avec un post-traitement adéquat, à l’inverse une mauvaise photo le restera quoi qu’on y fasse.
Ceci dit, je constate que la partie vraiment « photo » de mon activité est de loin la partie la plus facile. Quand je prends (enfin) des photos c’est que tout est fini. J’exagère à peine mais n’importe quel dindon peut faire les mêmes photos que moi. Il suffit qu’il sâche se servir de son matériel et qu’il ne s’endorme pas. Je partage volontiers mes affûts avec des amis et je vois bien les images qu’ils ramènent, souvent très bien. Par contre je suis sûr qu’ils n’ont pas les mêmes ressentis que moi au déclenchement. Ils ne peuvent pas imaginer le boulot que çà représente même si ils se doutent bien que tout ne s’est pas fait tout seul.
C’est sans doute pour çà que les affûts des autres, qu’ils soient payants ou gratuits ne m’intéressent guère ou même pas du tout. Je n’ai aucune émotion et très vite j’oublie les photos que j’ai faite dans ces conditions. Je les trouve sans saveur, je me lasse très vite, c’est trop facile peut être …. Je dois être un peu maso, je le reconnais.

Mésange à longue queue

COW - Dans ta progression photographique, es-tu inspiré par certains photographes en particulier et pourquoi ?

RB - Je n’ai jamais été très influencé par un photographe même si je trouve très beau ce que font certains d’entre eux. Mais je reconnais que Varesvuo Markus m’a interpellé avec ces photos très dynamiques. On m’avait offert un de ces livres à mes débuts, peut être que c’est pour çà que j’aime qu’une image raconte quelque chose et que je ne me contente pas d’un oiseau posé sur une branche.
Plus haut j’ai parlé d’affût devant les aires de rapaces. En fait ce n’est pas l’aire qui m’intéresse. Les photos y sont souvent peu estétiques et très vite redondantes. Pour moi l’aire n’est rien de plus qu’un endroit où je suis sûr de voir les oiseaux. Il m’arrive de faire des affûts à proximité d’une aire sans que je la vois, je recherche plutôt les perchoirs, les lardoirs pour espérer faire des photos plus intéressantes. C’était le cas pour la série que je vous ai présenté sur l’accouplement des faucons pèlerin.

COW - Ton site perso présente des destinations déjà très variées : les choisis-tu en fonction de tes cibles photographiques, par opportunité, curiosité...?

RB - Ça dépend avec qui je pars. Si c’est avec ma compagne il faut bien entendu que la destination convienne à tous les deux. Les deux dernières destinations que nous avons faites ensemble (Cambodge en 2017 et Afrique du Sud 2018) c’est elle qui les a choisi. Mais comme nous sommes plutôt « nature » j’y trouve toujours mon compte vu que le 500mm part toujours avec moi.
Sinon quand je pars avec des copains photographes, là c’est très ciblé effectivement. En général nous choisissons le meilleur rapport « qualité/prix ». Quand j’écris qualité c’est le nombre de nouvelles espèces potentielles qu’on va pouvoir photographier et dans quelles conditions. Pour le prix  vu qu’on se passe de guides et qu’on aime pas les affûts payants, en général çà ne va pas chercher bien loin.
Sinon, comme tout le monde j’aime bien photographier de nouvelles espèces mais j’aime surtout faire ou au moins essayer de faire de belles photos. Je le dis souvent aux copains, « je préfère de loin faire une très belle photo de moineau qu’une mauvaise d’aigle ». Ce n’est donc pas la quantité qui m’intéresse mais plutôt la qualité, pas facile j’en conviens.

Kgalagadi - Guepards

COW - As-tu des projets en perspectives (Exposition…) que tu souhaiterais partager avec nous ?

RB - J’ai été invité à trois expositions dans ma vie (chez moi, dans le Jura et dans les Pyrénées). C’était sympa mais comme je n’ai rien à vendre je me demandais un peu ce que je faisais là. D’autant plus que les gars qui exposaient autour de moi ne parlaient que d’argent.…. Bref on était pas du tout dans le même trip.

Souimanga chalybée

Et encore quelques questions subsidiaires :
 
COW - Où va se dérouler ton prochain voyage ?

RB - En Janvier 2019 en Oman avec deux amis pour une quinzaine de jour : limicoles asiatiques, aigles et oiseaux du désert. Là par exemple c’est très ciblé.

COW - As-tu déjà volé comme un oiseau (parapente, ...) ?

RB - J’ai fait 35 ans de secours en montagne, j’ai donc des centaines d’heures de vol d’hélicoptère à mon actif. Sinon j’ai fait du parapente au début (fin des années 80) mais comme j’allais régulièrement ramasser des parapentistes plus ou moins en sale état j’ai assez vite arrêté. C’était très dangereux au début, les voiles n’avaient aucune finesse et les connaissances en aérologie assez rudimentaires.

COW - Quel est le chant d’oiseau que tu préfères ? Et celui que tu imites le mieux ?

RB - Celui que j’imite le mieux c’est celui de la chevêchette d’Europe. Sinon j’avoue avoir un faible pour le rossignol philomèle, c’est d’ailleurs la sonnerie de mon téléphone. Ça passe bien en affût. ;-)

COW - Au niveau des mammifères terrestres : quel est celui dont le panache te fais frissonner et pourquoi ?

RB - Tomber sur un loup face à face comme çà m’est arrivé tout seul en montagne skis aux pieds m’a donné quelques frissons ….. Sinon j’aimerai bien me retrouver dans le grand bleu nageant à côté d’une baleine, mais elle n’est pas terrestre…..
Mais pour faire simple se serait d’être à côté d’un prédateur dans son milieu comme lui, pas dans un affût sécurisé ni dans une voiture. Mais c’est un exercice dangereux et j’espère que çà n’arrivera pas….. En tout cas si çà m’arrive un jour je ne l’aurais pas fait exprès.
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