Colors Of WildLife

Bonjour les amis. A l'occasion d'une courte visite en Inde, j'ai eu l'occasion de rencontrer le dr Dharmendra KHANDAL, personnalité hors du commun dont vous comprendrez rapidement que les Tigres de Ranthambore lui doivent une fière chandelle...

(http://farm9.staticflickr.com/8383/8573534550_0e52534ed4_b.jpg)
Dharmendra KHANDAL

Le Dr Dharmendra Khandal est un Biologiste issu de l’Université du Rajasthan (Jaipur, Inde). Il a déjà travaillé sur divers sujets comme les araignées, les serpents ou les geckos, espèces dont il a décrit de nouvelles sortes, mais aussi pour la sauvegarde des vautours d’Inde, décimés par l’empoisonnement au Diclofenac.
Il s’est surtout engagé en 2003 dans l’ONG « Tiger Watch » http://www.tigerwatch.net/ (http://www.tigerwatch.net/), fondée par le célèbre (mais maintenant retraité) Fateh Singh Rathore et qui a pour but de préserver le Tigre dans la région de Ranthambore.
Sa première action fut à l’époque de recenser les Tigres du parc. Sa méthodologie fut de réaliser des centaines de clichés de chaque animal et de les comparer aux données connues de dix ans auparavant. Il en tira vite une conclusion alarmante : des 43 Tigres supposés dans la réserve, il n’en restait que 25. Il fit part de sa découverte aux plus hauts responsables du département des forêts. Piqués au vif par des informations sensibles et potentiellement dangereuses car témoignant de leur propre ignorance ou de leur incapacité, ces hauts responsables préférèrent nier en bloc. Au contraire, dans les 24 heures, Khandal se fit bannir de Ranthambore en se faisant accuser de tous les maux, comme celui de tuer des serpents du parc et d’en alimenter un trafic.

Loin de se décourager, Khandal alerta la presse. Début 2005, Un journal Indien à grand tirage publia ses données. Elles eurent d’autant plus d’impact dans la population que le parc voisin de Sariska venait également de perdre son dernier Tigre. La pression populaire l’emporta sur les dénégations des officiels, et le Premier Ministre Indien ordonna une enquête externe.
Les conclusions de celle-ci furent sans appel : Ranthambore avait perdu non pas 18 mais bien 22 Tigres.
Le Dr Khandal fut réhabilité et son travail sur le terrain enfin reconnu.
Le braconnage étant le premier suspect de cette disparition massive, Il développa sa propre enquête dans le milieu des Moghiyas, peuple semi-nomade des régions avoisinantes, d’une caste pauvre et peu respectée. Leur manque d’accès au système d’éducation en fait une population essentiellement sans emploi, mais néanmoins extrêmement connaisseuse de la vie sauvage de la forêt. Ses intuitions furent bonnes. En quelques années à peine, il put remonter toute la filière d’un braconnage organisé. Tous les braconniers furent fichés et leurs méfaits détaillés.

(http://sphotos-a.ak.fbcdn.net/hphotos-ak-ash3/885738_10151167365719649_2106942465_o.jpg)

L’organisation Tiger Watch n’en est pourtant pas restée là. Consciente du danger de récidive une fois les braconniers relâchés de prison, elle a consacré les moyens nécessaires pour fournir éducation, soins de santé et autres facilités à la population Moghiya. Elle tente également de convertir d’anciens braconniers en défenseurs de la nature. Elle ne manque pas d’honorer tous les individus qui ont fait preuve d’une implication significative dans la préservation d’un félin qu’ils cherchaient à exterminer jusqu’alors…
Aux dires du Dr Khandal, grâce à ces différentes actions sur le terrain, le braconnage dans la région de Ranthambore n’est en 2013 pas encore totalement éradiqué mais il est largement sous contrôle.

(http://sphotos-e.ak.fbcdn.net/hphotos-ak-ash4/737558_10151060815254649_1053560142_o.jpg)

C’est un souci d’un autre ordre qui le préoccupe actuellement. Le parc n’étant pas clôturé, Le Dr Khandal estime que chaque nuit, 3 à 4 Tigres quittent le parc pour visiter les régions avoisinantes. Si la majorité d’entre eux reviennent sur leurs pas, d’autres vont fuir la réserve pour trouver un nouveau territoire parfois distant de 160 kilomètres ! Les conflits entre Tigres et humains tendent actuellement à se multiplier. Lorsque les Tigres dévorent du bétail, un système d’indemnisation a été mis en place pour les propriétaires, à la manière des bergers Masais du Kenya lorsque leurs vaches sont victimes de Lions. Mais, à l’inverse du Lion, le Tigre est un prédateur peu craintif de l’homme… Les statistiques démontrent une hausse très sensible d’attaques de Tigres sur les habitants de la région. En vingt ans, une vingtaine d’humains ont été tués par des Tigres, mais 8 victimes ont été dénombrées sur les seules trois dernières années.

(http://farm9.staticflickr.com/8108/8572442539_55b39714fa_b.jpg)
Le Dr KHANDAL dans sa maison (Sawai Madhopur)

Tout comme pour les Lions du Kenya, la cause de ces conflits grandissants entres Humains et Tigres est essentiellement territoriale. Dans un pays où la pression démographique est énorme, les Tigres sont confinés dans des aires qui, même si elles sont maintenant mieux protégées, restent largement trop petites pour assurer l’avenir de l’espèce.
Si l’on veut consacrer l’espace nécessaire à la sauvegarde du Tigre de Ranthambore, assurer à long terme sa diversité génétique et limiter les conflits avec les humains, le Dr Khandal estime que la superficie actuelle du parc doit être doublée.
C’est donc sur ce terrain délicat que travaille également l’association Tiger Watch, en association avec les Autorités régionales. Depuis quelques années, certains villages voisins ont été délocalisés pour permettre l’expansion du parc. Pour faciliter cette action, les villageois ont été indemnisés et l’accès à leurs lieux de culte préservé. Mais le projet est ambitieux. Dans les dix prochaines années, ils espèrent récupérer à l’est du parc une zone permettant de doubler sa superficie et dont le biotope composé de forêts et de points d’eau correspond parfaitement aux besoins de ce félin symbolique.

(http://sphotos-f.ak.fbcdn.net/hphotos-ak-snc6/243487_10150916505819649_322604012_o.jpg)
La vallée appelée à devenir le nouveau territoire du grand Ranthambore

A l’heure actuelle, un seul Tigre peuple cette nouvelle région. Ce Tigre est évidemment suivi de près et protégé, car il symbolise à lui seul l’avenir de son espèce et sa cohabitation pacifique avec l’être humain.

(http://farm9.staticflickr.com/8250/8575867770_6c59e6e1c0_b.jpg)

(http://farm9.staticflickr.com/8529/8565603500_025d335485_b.jpg)
That's all folks ! Et pour une fois des nouvelles pas si mauvaises...

Très beau reportage avec une belle note d'espoir et de belles photos!  :)

Chapeau (Y) c'est un sacré travail!
De plus réussir à faire de l'environnement dans un pays aussi densément peuplé et si pauvre, cela tient de l'exploit.

Merci aussi pour ces remontées d'informations toujours complémentaires aux reportages plus typiquement animaliers.

Merci pour la présentation du Dr Khandal et de son travail ! On lui souhaite beaucoup de courage et de réussite, les tigres en ont bien besoin.

Merci pour ces bonnes nouvelles.
C'est pas tout le jours que les choses avancent dans le bon sens  :)

Bravo a ce Mr et son travail  :)
Et merci pour ce reportage Acino  :)

De rien les amis. Ce qui frappe une nouvelle fois ici, c'est que ce sont systématiquement les ONG qui sont efficaces sur le terrain et jamais les organisations gouvernementales. En outre, le rôle de la presse aura été fondamental également...
Conclusion; il n'y a que la presse et les ONG pour faire bouger les choses ;)

Très beau boulot Olivier! Heureusement qu'il y a des gens qui se battent de la sorte et de manière intelligente. Sur les attaques de tigres sur l'homme, j'ai quand même dans l'idée qu'un certain nombre ont lieu dans un parc comme Ranthambore à l'interieur du parc. Il y a des temples et parfois de pèlerinages et j'ai vu des gens à pied se promener presque innocemment de retour d'un temple et se faire "allumer" par les rangers qui leur ont dit ce qu'ils risquaient..

Merci Aci pour ces informations très intéressantes. :k:

Pour ajouter à la note d'optimisme, je reviens de Bandhavgarh d'où des jeunes tigres (mâles en particulier) que j'ai vus il y a 3 ans, ont été transférés vers d'autres réserves, l'espace à Bandhavgarh étant déjà bien occupé, et où trois femelles ont actuellement des jeunes et une autre attend des petits.

Même si le mâle dominant B2 est mort ainsi que 2 femelles adultes, d'autres individus ont pu récupérer leurs territoires.

Le braconnage semble éradiqué dans la réserve, les ONG y oeuvrant depuis longtemps maintenant, mais qu'en sera-t-il dans les autres réserves ?

Belle idée et quelle tâche à réaliser par ce Dr Khandal...

Chapeau bas !

Ombrette  :)

Oui Julien. Des villageois continuent de rentrer dans le parc, non seulement pour prier dans le Fort mais aussi pour aller illégalement prélever des ressources naturelles (comme le bois par exemple) en ignorant le risque mortel qu'ils encourent. La dernière victime en date est un ouvrier qui était seul et à pied et qui a été tué il y a trois mois par T24 à l'intérieur du parc. A ma connaissance, bon nombre de victimes ont quand même été dénombrées en dehors de celui-ci mais je n'ai pas les chiffres.

Petite précision encore : on peut estimer que 95% des braconniers démasqués dans la région de Ranthambore sont des Moghiyas. Ce  n'est  donc pas un hasard si depuis la neutralisation de leurs activités, la population des Tigres de Ranthambore dépasse à nouveau les 50 individus et les derniers recensements démontrent encore une tendance à la hausse.