Ce forum est un voyage…
Les superbes carnets de Petit-Robert et Acinonyx sur l’Ouganda m’avaient provoqué quelques démangeaisons dans le passeport, et c’est à eux que je dois d’avoir finalement choisi cette destination, pour mon retour en Afrique après trois ans d’abstinence…
J’y suis allé dix jours début juillet, avec ma fille Katia, qui venait de fêter ses 30 ans. Pour la première fois depuis que j’ai débuté la photo animalière, j’avais décidé de ne pas partir en autonomie et de voyager par l’intermédiaire d’un tour operator. Là encore, c’est en épluchant les conseils donnés sur Colors que j’ai opté pour la compagnie « Gorilla Tours », qui nous a monté un voyage sur-mesure, avec voiture et chauffeur/guide privé. Je peux les conseiller chaudement. Nous n’avons eu que de bonnes expériences, notre guide Dauda a été aux petits soins pour nous, et le rapport qualité/prix est au final remarquable.
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Au dernier jour du voyage, Dauda nous a fait passer par son village natal, à quelques heures de route de Kampala, à travers les pistes cabossées qui serpentent entre les bananeraies. Il nous a montré cette construction, qui semble être le reste d’une maison partiellement détruite.
« C’est ma maison, c’est là que je viendrai lorsque j’arrêterai de travailler », nous a-t-il dit. Au fond du terrain, mangées par les herbes, trois périmètres de pierre, sans aucune marque ni indication : les tombes des grands-parents : « C’est là que je viendrai », a encore dit Dauda.
Au long des routes, les villages grouillent d’enfants. Entre les villages, on trouve de gigantesques plantations de monoculture. Essentiellement bananes et thé.
Le thé, qui s’exporte, est l’une des richesses du pays :
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Ces photos ont été faites quelque part sur la route entre Kibale et Queen Elizabeth. Au passage devant ces champs, j’ai demandé à Dauda de faire halte. Je voulais saisir l’ambiance de brume sur les collines, au loin, dans la continuité des champs verts.
A peine avais-je marché quelque mètres qu’une troupe de cueilleurs s’est brusquement matérialisée devant moi, surgis de nulle part ! Le chef d’équipe parlait à peu près anglais. Il m’a fait les honneurs de son champ, m’a montré le matériel, m’a proposé de cueillir moi-même les feuilles de thé. Puis j’ai pu faire toutes les photos que je voulais. Les cueilleurs étaient joyeux.
Au retour vers la voiture, Dauda m’a glissé discrètement : « Donne-leur un peu d’argent… »
J’ai donné l’équivalent de dix euros. A diviser par cinq ou six, c’est bien peu. Mais c’est ce qu’ils attendaient…
Ces plantations de bananes et de thé composent des paysages harmonieux à perte de vue, une campagne luxuriante où l’œil se régale des mille nuances de vert. Et puis on se prend à réfléchir, lorsque Dauda nous raconte : « Quand j’étais petit, tout ça c’était de la forêt. A l’époque, on n’avait pas besoin d’aller dans des parcs pour voir des chimpanzés, ils vivaient parmi nous, on les voyait en allant à l’école. »
Mais la forêt a été peu à peu abattue pour faire place aux cultures. Il faut bien vivre. L’Ouganda comptait 7,7 millions d’habitants lorsque Dauda est né, en 1964. Elle en compte maintenant plus de 42 millions ! Population multipliée par plus de cinq ! Le chiffre est transposable à toute l’Afrique sub-saharienne, pour donner une idée de la pression démographique.
42 millions, pour 5000 chimpanzés survivants ! Nous en avons rencontré quelques-uns, dans des conditions photographiquement difficiles, mais vous verrez que ça valait le coup quand même…