Merci à tous pour vos commentaires
L’orage de l’horizon est arrivé sur nous sans que nous ayons eu le temps de dire ouf ! Des gouttes grosses comme des jaunes d'oeuf s’écrasent soudain dans nos assiettes, et en quelques secondes c’est le déluge. Le temps de sauver le reste du repas, de rentrer le pied photo et de courir vers la voiture, et nous voilà trempés et grelottants dans le Ford Ranger. Dehors, les éclairs font briller les trombes d’eau qui tambourinent sur la carrosserie et sur les tentes au-dessus de nous. Spectacle dantesque.
Vingt minutes, à peine. La pluie s’arrête aussi vite qu’elle avait commencé.
J’avais laissé la moustiquaire de ma tente fermée, mais pas la toile principale. Le matelas de mousse s’est transformé en marécage. Impossible d’y passer la nuit.
Bien que les tentes de toit soient en principe prévues pour deux, mieux vaut y dormir avec un partenaire qu’on aime serrer contre soi. Sinon, c’est vraiment pas large.
D’un commun accord, Didier garde donc sa tente et je dors dans l’habitacle, en « Z » sur le siège arrière.
La fenêtre entr'ouverte, je me régale des parfums lourds de la brousse humide. Et sous un ciel redevenu clair, les hommes des villes que nous sommes tentons d’évaluer la distance qui nous sépare des rugissements de lions…
G1
Le lendemain matin, le ciel est redevenu bleu. Mais nous devons renoncer à notre sortie du lever du jour. Séchage obligatoire.
G2
Et, puisqu’on n’a rien d’autre à faire…
G3
Pour sortir du camp de Polentswa et regagner la piste principale, il faut traverser un large pan, de quelques centaines de mètres. Rien de difficile à première vue. Nous sommes arrivés sans encombre en suivant les traces, et nos allers-et-retours n’ont présenté jusqu’à présent aucune difficulté.
C’était avant l’orage d’hier soir…
Ce matin, le sol est gorgé d’eau. Dans la première partie de piste, avant d’arriver au pan, l’eau monte jusqu’au châssis lorsque nous franchissons d’inquiétantes ornières pleines à raz-bord. Mais ça passe…
Sur le pan, Didier s’aperçoit que le sol est spongieux, et que la piste où nous sommes passés hier soir n’a pas l’air sûre. Il contourne par la droite, le 4x4 accroche bien malgré la boue, il s’agit de ne pas s’arrêter.
Encore une fois, ça passe. Bien joué.
Sauf que… Sauf que de l’autre côté du pan, à plus de 100 mètres de nous, un véhicule était arrêté depuis tout à l’heure. Et voilà maintenant que ses occupants nous font de grands signes des bras. Didier s’arrête. Je descends de la voiture.
Ce sont des Allemands, qui ont embourbé leur Toyota Hillux au pire endroit. Immobilisés jusqu’aux essieux dans une boue épaisse et gluante.
C’est là que nous allons commettre une erreur de novices. En croyant que nous pouvons les tirer du bourbier avec nos câbles de traction. Naïf, pour le moins ! Au premier coup d’accélérateur, c’est notre 4x4 qui s’enfonce à son tour. Englué pour de bon.
Je vous passe les tentatives pour sortir de là pendant une heure, qui nous laissent sous l’aspect de statues de boue. C’est finalement un bon gros tracteur de l’exploitation du parc qui va nous sauver la mise. Coup de chance. Le gars sourit gentiment. On voit qu’il n’est en pas à son premier sauvetage de touristes sur ce pan…
Didier récompense notre sauveur d’un modeste billet, et nos nouveaux amis allemands, qui ne lui donnent rien, nous offrent, à nous, une bouteille de rouge ! Un peu immoral. Mais une bouteille de picrate au cœur du Kalahari ne se refuse pas.
Nous l’ouvrirons à la pause déjeuner, à leur santé !
G4
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