Bonjour à tous et merci pour vos commentaires ! Voici donc la suite de ce carnet avec une nouvelle journée dans le parc du Djoudj.
Mardi 22 décembre
Même manège ce matin en guise de réveil avec le passage des Dendrocygnes veufs au dessus du campement. Nous sommes rapidement sur pieds, près pour observer le lever du soleil sur le plan d’eau à l’entrée du parc. L’ambiance est encore une fois excellente avec de beaux contre-jours sur les canards.
54-Dendrocygnes veufs
55-Dendrocygnes veufs
56-Lever de soleil sur le Djoudj
Nous prenons le temps faire des photos sur les Vanneaux éperonnés. Un couple parade au bord de la piste à moins de 10 m de nous et l’on ne peut pas dire qu’il soit discret.
57-Vanneau éperonné, Djoudj
Nous payons l’entrée du parc et flânons quelques minutes autour de la station biologique. Le petit groupe d’œdicnèmes du Sénégal rencontré hier est encore présent mais cette fois ci, les oiseaux sont au bord de la piste. Quelques individus se laissent photographier puis un à un ils regagnent la tranquillité d’un ilot.
58-Œdicnème du Sénégal, Djoudj
59-Œdicnèmes du Sénégal, Djoudj
Au pied d’une touffe d’herbes immergée, un oiseau blanc attire notre attention. C’est un Combattant varié original par son plumage. A cette époque de l’année, les adultes arborent normalement un plumage d’hiver plutôt terne mais notre mâle ici présent est presque paré de son plumage nuptial.
60-Combattant varié, Djoudj
Nous empruntons la digue principale séparée d’une grande roselière par une haie de tamaris. Des petits passereaux y ont trouvé refuge dont des Tisserins, des Rousserolles effarvattes ainsi qu’un probable Hypolaïs obscure.
61-Tourterelle pleureuse, Djoudj
Nous prenons la deuxième piste à droite, et partons à la découverte d’une zone du parc encore inconnue. Arrêt au premier observatoire. Un petit groupe de phacochères déambule entre les buissons tandis que sur le plan d’eau c’est assez calme. Dans les herbes autour, un Prinia modeste se faufile puis finit par se montrer à découvert. Il partage les mêmes herbes qu’une Pie-grièche à tête rousse ainsi qu'une Cisticole roussâtre.
62-Prinia modeste, Djoudj
63-Cisticole roussâtre, Djoudj
64-Cisticole roussâtre, Djoudj
65-Pie-grièche à tête rousse, Djoudj
66-Guêpier de Perse, Djoudj
67-Sternes caspiennes, adulte et son jeune, Djoudj
68-Moineau doré, Djoudj
Au loin nous apercevons quelques flamants disséminés dans la végétation du point d’eau. Nous atteignons le deuxième mirador situé au bord du lac de Gainth. L’endroit est vraiment superbe. Un cordon d’arbres s’est développé autour de la zone humide. Ici poussent de nombreux nénuphars dont les fleurs blanches ou bleues apportent une note de fraicheur dans ces paysages que la chaleur commence à écraser. Silencieux, une petite dizaine de Pouillots véloces inspecte les feuilles à la recherche des insectes de cet oasis. Surprise, un individu se met à chanter et lance une série de « Chif chaf » caractéristique. Il n’est pas le seul à chanter ici, des Phragmites des joncs donnent aussi de la voix.
69-Le Marigot de Gainth, Djoudj
70-Cormoran à poitrine blanche, Gainth, Djoudj
Nous continuons la balade et découvrons un gros rapace posé dans de grands acacias. Un petit temps de doute, nous vérifions qu’il ne s’agit pas d’un Aigle fascié, espèce présente aussi dans les environs du Djoudj mais non, c’est bien un Aigle de Bonelli.
71-Aigle de Bonelli adulte, Djoudj
72-Aigle de Bonelli femelle adulte, Djoudj
Les données de cet aigle méditerranéen dans le nord du Sénégal sont peu courantes même si ce territoire constitue sa limite sud d’hivernage. Les observations sénagalaises concernent habituellement des jeunes ou des immatures qui lors de leur période d’erratisme vagabondent jusque dans cette partie de l’Afrique. Là, et c’est exceptionnel, il s’agit d’un bel adulte, la large tâche blanche sur le dos l’atteste. Se sentant observé, il prend son envol, disparait quelques instants derrière les arbres puis revient faire un tour devant nous, ce qui nous permet de voir sa face ventrale. De nombreuses flammèches sur la poitrine, des culottes rousses, cela conforte notre première impression d’un gros oiseau. C’est une femelle. Pas le temps de l’observer davantage, elle disparait définitivement derrière les arbres. Cette observation est vraiment inhabituelle car les adultes vivent toute l’année sur leur territoire de reproduction et ne s‘en éloignent guère. Les plus proches se situent dans l’Anti-Atlas marocain soit à environ 1600 km. C’est loin, certes, mais même si elle parait impressionnante, cette distance ne prend que quelques jours à parcourir pour un tel oiseau. C’est ce que montre le cas de Zahara. En 2014, ce jeune mâle d’Aigle de Bonelli né en captivité en France a été relâché dans la région de Madrid équipé d’une balise. En 3 jours, il parcourt 600 km … A Gibraltar, il traverse, un jour de grand passage migratoire, le détroit et arrive au Maroc. De là, il rejoint l’Algérie, puis le Mali, la Mauritanie et se retrouve au Sénégal avant de remonter vers la Mauritanie où sa balise a cessé d’émettre un jour d’octobre. En 7 jours, il aura parcouru 2000 km à travers l’Afrique. Si on regarde le statut et les données de cet aigle dans les pays sahéliens voisins, on se rend compte qu’il n’y a que peu d’informations. En Mauritanie, où l’espèce est un hivernant occasionnel, il n’existe qu’une donnée sure d’un adulte observé à Atar le 17 novembre 2007 (P. Géniez) soit à environ 600 km au nord du Djoudj.
Des hirondelles se posent sur un morceau de tronc sortant du sol. Approche en douceur pour une photo sympa d’une jeune Hirondelle de cheminée.
73-Hirondelle rustique, Djoudj
La piste que nous avons empruntée devient de plus en plus difficile à suivre. Les traces des véhicules précédents se font rares ou ont été effacées par le temps. Un couple de Vanneaux du Sénégal occupe une dépression dépourvu de végétation et se met à alarmer à notre passage.
74-Vanneau du Sénégal, Djoudj
Nous arrivons au bout de la piste, laissons la voiture et explorons les environs. Des Dendrocygnes veufs au bord de l’eau, quelques ardéidés et un Engoulevent sp qui file à travers les branches basses des buissons. Malgré les heures chaudes, un Agrobate roux se poste au sommet d’un buisson et se met à chanter. Il y a plus de 10 ans que nous n’avons plus entendu ce chant mais c’est toujours aussi agréable.
74-Calao à bec rouge, Gainth
Il est à présent l’heure de manger, le lac de Gainth fera parfaitement l’affaire. De l’ombre, de l’eau, des oiseaux, quoi de mieux pour un pique nique. Pendant le repas, un Autour sombre poursuivi par des tisserins nous fonce dessus et ce n’est qu’au dernier moment qu’il nous aperçoit. Il fait un crochet et s’enfonce dans le couvert végétal. Pas eu le temps de faire de photo mais à l’œil nu, on l’a bien vu ! Des Jacanas à poitrine doré, des Hérons bihoreaux, des Bergeronnettes printanières et des Tisserins se partagent les feuilles et les fleurs de nénuphars. Dans le ciel, se succèdent des milans à bec jaune, des Glaréoles à collier, des Guêpiers de Perse et bien sur, des escadrons de Pélicans blancs. Un vrai plaisir. Au pied des arbres ou bien dans ceux-ci, des Varans du Nil de toutes tailles profitent de la chaleur de cette mi-journée.
75-Jeune Jacana à poitrine dorée, Djoudj
76-Tisserin à tête noire sur le Marigot de Gainth, Djoudj
77-Pélicans blancs, Djoudj
Après une bonne sieste, nous abandonnons notre oasis et retournons vers la digue principale l’occasion de croiser un Crocodile dans le Marigot de Khar. Sur la piste menant vers le grand lac, la traversée de la roselière nous permet de voir du Blongios nain, non pas dans la roselière elle-même mais dans le tamaris juste à côté. Se sentant découvert, il s’étire pour passer inaperçu mais visiblement notre trop grande proximité ne lui inspire pas confiance. Il préfère s’éloigner de branches en branches tout doucement comme si de rien n’était.
78-Blongios nain, Djoudj
Dans l’après midi, nous atteignons le secteur du grand lac. Encore beaucoup d’oiseaux sur les vastes étendues d’eau dont des Flamants roses et de très nombreuses Sarcelles d’été. Le couple de Gravelot pâtre d’hier est encore là devant les observatoires. On improvise une petite séance photo sur ces individus finalement assez coopératifs.
79-Gravelot pâtre, Djoudj
Ce qui est plaisant ici au Djoudj, c’est qu’il y a toujours une espèce à observer. Le long de la piste, le Cochevis huppé se manifeste régulièrement !
80-Cochevis huppé, Djoudj
Plus localisée, la Moinelette à oreillons blancs, semble apprécier les substrats sableux.
81-Moinelette à oreillons blancs, Djoudj
82-Paysages du Djoudj
Sur le chemin du retour, nous croisons un phacochère se laissant déparasiter par 2 pique-bœufs à bec jaune, station de nettoyage !
83-Phacochère, Djoudj
84-Piqueboeufs à bec jaune, Djoudj
Une bande de Singes rouges coupe la piste devant nous. Farouches, ils se dispersent rapidement dans la végétation avant que nous n’arrivions sur place. Seul le mâle dominant reste en arrière de sa troupe, se dresse sur ses pattes arrière, surveille les environs puis s’éloigne avec assurance.
85-Singe patas, Djoudj
86-Singe patas, Djoudj
La nuit tombe, et avant qu’il ne fasse nuit noire, nous passons à l’hôtel du Djoudj pour tenter de faire regonfler le pneu avant qui présente les symptômes d’une crevaison lente. Pas de gonfleur ici, juste une pompe à vélo avec laquelle nous nous épuisons en vain à remettre des bars dans le pneu tandis qu’une chouette effraie nous nargue avec ses cris. N’ayant pas de roue de secours, on vocifère contre le loueur de voiture mais après exploration approfondie du coffre, nous tombons sur un gonfleur qui se branche sur la prise allume cigare. En 15 secondes, le pneu a retrouvé fière allure et c’est avec les bras fourbus par l’effort que nous rentrons au camp. Ce soir nous dormirons dans le confort de la case.