Nous rentrons au camp à la nuit tombée. Comme le lendemain sera le long jour du retour, je vais faire une mini-grasse matinée et je dis à Rashid que l'on commencera le dernier safari à 6h30.
Le dîner est servi à 19h30 au lodge. Je décide de ne pas m'éterniser, préférant avoir un peu de temps pour commencer à ranger quelques affaires. Je zappe donc le dessert et le café. Mais lorsque je fais le geste de me lever de table, Josh, le serveur, me fait un signe de la main, pour me demander de me rasseoir. Bizarre...
Bon, je me rassois. Et là, je vois Josh, le cuisinier et ses deux aide-cuisiniers sortir de la cuisine et se diriger vers moi avec un gros gâteau ! Ils le posent devant moi et se mettent à danser en tournant autour de ma table ! Sur le gâteau, une inscription : "Kwahery na karibu tena Olumara" (en gros, "au revoir et vous êtes la bienvenue à nouveau à Olumara"). Quelle surprise !!
Juste pour me remercier de ma fidélité ! Rashid m'avait dit qu'ils allaient peut-être m'offrir une boisson, mais je ne m'attendais pas à ça !! Je vois ensuite Rashid arriver, tout content : le petit cachotier avait bien gardé le secret !
J'ai réussi à partager quelques parts du gâteau avec Rashid et ses deux collègues, mais il a bien fallu que je prenne coup sur coup deux parts pour bien montrer que j'appréciais le geste (rapé pour le repas léger et rapide !). J'étais en tout cas ravie en rentrant dans ma tente. C'était vraiment à l'image de ce camp : la gentillesse est le maître mot de tout le personnel.
Je commence à ranger. Comme j'avais emmené un peu d'argent liquide sur moi pour les pourboires, je sors de ma valise mon "porte-monnaie dollars" pour y remettre ce qui restait. Et là, bizarre : je trouve que l'épaisseur de la liasse de billets est bien faible. Et je me mets à compter en reconstituant de mémoire ce que j'avais dépensé. Le verdict tombe : il me manque 300 dollars au minimum ! Soudain, j'y pense : et le "porte-monnaie euros" ? Je vérifie : il manque 100 euros !
Dans la foulée, et avec une grande frayeur, je vérifie billets d'avion et passeport : ouf, tout y est ! Après avoir recompté et recompté, je me mets à cogiter : il m'est arrivé une fois d'oublier de fermer à clé ma valise, dans laquelle je range la pochette contenant les papiers et l'argent. Et, un soir, en rentrant du dîner, un membre du personnel était encore dans ma chambre quand je suis rentrée, alors que la chambre est toujours prête quand je rentre... Ca cogite, ca cogite ! Inutile de vous dire que le sommeil a été long à trouver !
Le lendemain, à 6h30, au lieu de retrouver Rashid sur le parking, je demande à Josh d'appeler Rashid pour qu'il m'aide à traduire. Quand je demande, via Rashid, s'il y a un nouveau membre parmi le personnel, je vois que ça fait tilt sur le visage de Josh ! Rashid me dit ensuite : "on va faire comme d'habitude, on part en safari, pour ne pas mettre la puce à l'oreille du voleur, et pendant ce temps, ils vont faire des investigations".
Nous partons donc vers 7h. Il fait gris, nous ne voyons pas Miss Kenya. Le coeur n'y est pas de toute façon. Nous prenons le petit-déjeuner pique-nique et nous partageons ensuite le café avec un photographe italien, Federico Veronesi, avec qui Rashid a sympathisé pendant ce séjour. Très sympa a priori ; il fait de très belles choses (son site :
www.federicoveronesi.com).
Nous décidons de rentrer tôt au camp, vers 11h, pour régler le problème de l'argent volé. Sur place, j'apprends que la police du tourisme est là et que le voleur a été identifié et appréhendé (c'était bien celui que j'avais surpris dans ma tente et qui avait été embauché deux mois plus tôt). J'attends avec Rashid, tandis que Amfred (celui qui s'occupait de ma chambre d'habitude) et Josh ne savent plus quoi dire pour m'assurer qu'ils sont désolés et honteux. Je vois bien qu'ils sont sincères, les pauvres !
Un peu plus tard, les policiers, en treillis et armés de fusils, se présentent à moi. "How are you ?" me dit le chef, immense et baraqué, avec un grand sourire. Je lui fais un sourire en haussant les épaules, façon de dire que ça pourrait aller mieux. On va dans ma chambre, avec les policiers et le voleur, pour confirmer les faits "sur le lieu du crime". Je leur montre mon sac, le cadenas, la pochette où se trouvait l'argent. Le voleur ne nie pas.
Réunion ensuite dans la salle de restaurant. Tout le personnel est là : c'est un événement, manifestement ! J'apprends que le voleur a changé tout l'argent en shillings kényans et a déjà dépensé la moitié. Bla blab bla, ça prend un moment pour faire le tour de la question, jusqu'à ce que Josh, qui avait contacté la directrice hollandaise du camp, me propose ce que j'espérais : le camp me rembourse intégralement en dollars et il se débrouille ensuite avec le voleur. Je fais une déclaration écrite, datée et signée, sur les faits et valant reçu. Je déclare aux policiers que je ne porte pas plainte (sinon, je n'étais pas prête de rentrer !). Voilà, ouf, tout est bien qui finit bien et le camp a parfaitement réagi (j'avais quand même glissé un mot à Rashid auparavant en lui disant qu'un hôtel est en principe responsable de ses employés et doit indemniser le client : ça n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd).
Il est environ 12h30 quand tout est réglé (finalement, ça a été ultra rapide). Je quitte Rashid, qui rentre à Nairobi en voiture. Jusqu'à mon départ, à plusieurs reprises, le manager, Amfred et Josh sont venus me voir, se confondant en excuses pour ce qui s'était passé, et je les ai assurés que je serais bien là l'année prochaine, fidèle au rendez-vous ! C'est un membre du personnel de l'hôtel qui m'amènera à l'air-strip de Musiara et j'aurai un petit excédent de bagage... : le reste du gâteau, bien emballé, "for my mother" !
Voilà, ce carnet est terminé. J'espère ne pas vous avoir donné une overdose de léopards et je vous remercie tous de m'avoir suivie.
Pour ceux qui se demanderaient pourquoi Miss Kenya tient une si grande part dans ce carnet, je la laisse vous répondre :