Alors, on repart pour la suite !!
Vendredi 31 juillet
Au réveil, les oiseaux sont assez calmes. Seul un petit groupe de Francolins s’anime dans la zone de savane autour de nous et nous poussent à sortir du duvet. Nous constatons que nous ne sommes qu’à quelques centaines de mètres du massif granitique du Spitzkoppe. Celui-ci s’éclaire petit à petit au fur et à mesure que le soleil dépasse l’horizon. Les couleurs rougeoyantes du soleil matinal illuminent la roche rouge. Le site est d’une beauté rare et il y règne une ambiance de quiétude.
64.
Mais il faut revenir à des considérations plus terre à terre. Le problème d’hier soir n’est toujours pas résolu. Le lit de la rivière nous fait toujours face. Nous hésitons quelques minutes puis après avoir vérifié la résistance du terrain, nous finissons par nous élancer avec la voiture, et … victoire nous parvenons à franchir l’obstacle sans trop de frayeurs. Nous laissons la voiture près d’un camp et allons nous balader vers le pied du Spitzkoppe. Les oiseaux sont bien rares dans ces paysages pourtant propices. Peut être est ce due à la fraicheur matinale qui ne les incite pas à s’activer ? Très vite nous tombons sur une clôture. Nous ne pouvons passer.
65. Mahali à sourcil blanc
Demi-tour et retour vers le village. En continuant la piste principale vers le nord, nous arrivons sur un nouveau panneau indiquant la porte d’entrée du site. Nous suivons le balisage. L’espèce cible de la matinée est le Herrero Chat, une sorte de traquet, répondant en français au doux nom de Namiorne Hérero, endémique de la Namibie. Nous payons le ticket d’entrée et le garde nous indique le meilleur spot pour l’observer. Il nous faut nous rendre vers le site de camping numéro 10 et chercher dans les buissons au pied du dôme rocheux. La piste longe le pied de cet imposant pluton granitique qui date de plus de 700 millions d’années. Longtemps enfoui sous plus de 1000 m de roches des montagnes du Damaraland que le temps a fini par balayer, il trône à présent au milieu d’une vaste plaine. C’est donc l’érosion des roches environnantes qui a permis l’émergence de cet Inselberg culminant aujourd’hui à plus de 1700 m. Dans ces milieux désertiques, les importantes amplitudes thermiques (les températures à la surface de la roche variant de plus de 60 degrés en été à des valeurs nettement négatives en hiver) fragilisent les structures cristallines qui éclatent par gélifraction. Si l’on ajoute le rôle joué par l’érosion éolienne, due aux vents chargés de particules qui viennent fouetter la roche, on obtient une magnifique sculpture naturelle.
66. Spitzkoppe
67.
Nous découvrons petit à petit la beauté des emplacements de camping perdus au milieu du massif. Pas d’électricité, pas d’eau mais un cadre des plus sauvages à réserver aux amoureux des grands espaces et de tranquillité !
Effectivement, une pancarte signale le spot pour le Herero chat. Nous entamons notre prospection et très vite, l’on tombe sur une autre espèce endémique de Namibie. Le Monteiro’s Hornbill, un des plus grands calaos du pays qui a la particularité d’enfermer sa femelle dans une cavité de la roche en murant l’entrée. Emprisonnée durant la couvaison et l’élevage des jeunes, elle passe ainsi plus de 70 jours dans le nid, nourrit par le mâle à travers un trou.
Seules les zones exposées au soleil attirent les oiseaux, nous y observons avec facilité des Pale winged starling, des Traquets montagnards, des Souimangas fuligineux, des Moineaux mélanures, des Grands moineaux … mais pas la moindre trace du Herero.
68. Souimanga fuligineux
69. Traquet montagnard, monsieur (celui-ci est bagué !)
70. Traquet montagnard, madame
Le soleil éclaire à présent les falaises orientées sud-ouest. Aussitôt, de nombreux Damans sortent de leur cachette et se prélassent sur les rochers. Des cris stridents s’élèvent de la colonie de Damans. Nous cherchons dans le ciel un éventuel rapace qui pourrait être à l’origine de ces alarmes mais en fait les responsables sont deux Mangoustes grises se faufilant entre les rochers.
71. Daman (Rock hyrax)
72. Mangouste grise de Namibie
Plus haut dans la falaise, 3 mimétiques Oréotragues gravissent les dernières pentes avant de disparaitre. Vers 11 heures, nous décidons de charger de zone de prospection et choisissons le côté sud du dôme à l’ouest de celui du Spitzkoppe. Première surprise, des Agames. Héliophiles, ils attendent les heures chaudes pour s’insoler. Les mâles arborent de magnifiques couleurs. Ce sont des Namibians rock Agamas. Véloces, ils se déplacent avec une grande agilité sur les parois verticales des blocs granitiques. Au sol ce sont de petits lézards qui s’enfuient devant nos pas.
73. Agame de Namibie
74. Agame
Un rapace cercle, coup de jumelles et non ce n’est pas une Buse augure, autre spécialité namibienne dont l’aire de répartition commence ici. C’est tout simplement un Aigle botté, une espèce que l’on rencontre assez facilement en France. Dans le fond d’un talweg envahi de buissons, deux oiseaux noirs et blancs filent comme des flèches. Un couple de White tailed Shrike, une pie-grièche rondouillette à queue courte. Enfin, après 20 minutes de recherche sur cette zone, le Herero chat est là. Perché sur un buisson, il ne reste pas longtemps en place, s’envolant régulièrement et parcourant à chaque fois d’assez grandes distances. Le temps de rejoindre son nouveau perchoir que déjà il redécolle pour un autre buisson. Nous parvenons à voir un deuxième individu. Le manège se poursuit ainsi de longues minutes puis nous finissons par les perdre dans l’entrelacs de buissons et d’arbustes. Nous n’avons pas hésité à risquer nos vies pour ramener deux mauvaises photos car les savanes ici sont habitées par des Cobras et des Mambas noirs, deux espèces de serpents parmi les plus dangereuses sur Terre. Beaucoup d’efforts de recherche pour au final une espèce qui n’est pas particulièrement jolie… son principal attrait, c’est un endémique !
75. Herero chat
Il est tard et il fait à présent très chaud. Nous gagnons l’ombre des blocs rocheux pour le pique nique et sommes rejoints par une poignée d’oiseaux parasites voulant partager notre repas. Mais nous ne sommes pas du genre à partager !
76.
Nous quittons à présent le site et continuons notre traversée du pays vers le nord. Les paysages de savanes sont encore une fois magnifiques. Nous multiplions les arrêts, tantôt pour des Gangas namaquas, tantôt pour des Courvites ou des Outardes dont une nouvelle espèce fait son apparition. La Northern black Korhaan. Une zone de végétation rase se révèle particulièrement propices avec toutes ces espèces à la fois.
77. Ganga du Namaqua
78. Courvite à double bande
Le soleil décline et s’enfonce derrière le massif du Brandberg, le plus haut sommet national. Nous croisons un petit groupe de Springboks qui seront nos derniers mammifères du jour. Nous coupons le contact de la voiture dans la petite ville minière d’Uis au camping de la White Lady, du nom de la gravure rupestre locale. A peine arrivés, nous sommes intrigués par le passage de 4 Hérons bihoreaux… que peuvent-ils bien faire ici, au cœur de la Namibie loin de tout point d’eau ? Nous ne sommes pas les seuls ornithos ce soir dans le camping, Un petit groupe d’anglais rejoint le gros de la troupe sur une terrasse à partir de laquelle on peut observer un…point d’eau. Pas très grand, une dizaine de mètres de long tout au plus pour deux mètres de large. Nous savons maintenant d’où venaient nos hérons ! Autre surprise, nos premiers Canards colverts du voyage mais surtout, plus d’une cinquantaine de Gangas bibandes en train de s’abreuver. Nous profitons des derniers instants du spectacle avant que tous ne s’envolent dans les dernières lueurs de cette fin de journée dans le Damaraland.
79. Massif du Brandberg