Merci à tous
Est-ce que tu peux nous en dire plus sur la manière de l'approcher ?
Est-il farouche ?
Bon, je vais dévoiler les coulisses
En fait, pour pouvoir l'observer il faut juste être au bon endroit au bon moment ... et avoir un peu de chance.
Nous avons profité du travail de biologistes et chercheurs américains qui ont passé des années à étudier des animaux rares d'Amérique du Sud. Le loup à crinières en fait partie. Pour l'étudier et mieux le protéger, ils ont acheté des terres pour assurer la préservation de son habitat (un peu comme notre conservatoire du littoral pour empêcher le bétonnage des côtes françaises).
Afin d'étudier le comportement du loup, ils ont installé un camp sommaire au cœur de son territoire. Ce camp est occupé par les chercheurs 3 ou 4 fois par an mais il est également ouvert à de rares touristes, histoire de faire rentrer un peu d'argent dans les caisses.
Au cœur du cerrado, il est quasi impossible de se déplacer en voiture et tomber nez-à-nez avec le loup à pied tient du miracle. Alors comment inciter le loup à venir ? Comme d'habitude en l'attirant avec de la nourriture. Ce n'est pas glorieux mais c'est le seul moyen et comme ça ne se produit qu'au maximum une dizaine de fois par an, on est assuré que l'animal reste sauvage et qu'on ne le rend pas dépendant des hommes. Les chercheurs ont donc pris l'habitude de déposer un peu de nourriture et de taper sur un bout de bois pour signaler leur présence. Ensuite, s'ils ont de la chance, un loup curieux s'approche et ils ont le loisir de l'observer.
C'est le même cérémonial que nous utilisons : à la tombée de la nuit, tranquillement assis autour de l'endroit où la nourriture est déposée, nous attendons qu'un loup s'approche. C'est loin d'être garanti et il faut s'attendre à rentrer dormir bredouilles.
Il n'y a guère qu'une à deux semaines dans l'année où les chances d'observation sont raisonnables. C'est la période fin août début septembre, la fin de la saison sèche, où la nourriture se fait plus rare et le loup plus enclin à venir grignoter un peu. Mais même là, personne ne se hasarde à garantir l'observation. Avant et après cette période, les loups ont suffisamment de nourriture et viennent rarement. On peut les voir passer pour aller boire à la rivière mais c'est extrêmement aléatoire.
Nous étions donc à la bonne période, mais c'était limite car, un peu partout, des phénomènes d'auto-combustion dus à la sécheresse provoquait des petits incendies qui font partie du cycle normal de la nature, et les petits rongeurs fuyant les zones brûlées apportaient déjà de la nourriture aux loups. Nous avons eu de la chance, car 3 soirs de suite, il est venu (en fait 2 loups différents). Quand il vient, le loup n'est pas farouche car il s'approche à quelques mètres de nous, mais il est très méfiant et s'éloigne au moindre geste brusque ou bruit suspect. Mais c'est vraiment magique de le voir surgir de l'obscurité alors qu'on commence à désespérer de l'observer !