Lundi 31/01/2011
Je quitte le Massaï Mara à 6h en direction de Isibania la ville frontière avec la Tanzanie (à l'ouest).
J'ai environ 110km à parcourir. Il a plus toute la nuit et les quarante premiers kilomètres de la piste sont un enfer. C'est de la boue avec d'énormes trous et ornières, les bas côtés sont soit des mares soit de gros fossés.
La voiture est presque incontrôlable. J'essais de rester sur le milieu de la piste mais comme elle est légèrement bombée parfois la voiture part en glisse et il est presque impossible de reprendre de l'adhérence. Parfois je me retrouve à 90° tentant de redresser à grand coups de braquages et contre braquages. C'est du sport, et mon attention est au maximum.
Une glissade m'enverra dans le bas côté, me voici pataugeant dans une marre...surtout ne pas y rester ! Je fais mon possible pour reposer au moins deux pneus sur du « moins mou » j'engage la marche arrière et par plein pot dans les herbes pour ensuite reprendre de l'élan, traverser la marre et remonter sur la piste...ouf s'est passé !
Quelques kilomètres plus loin la voiture par en glisse à droite, ce coup-ci j'ai une cassure d'environ un mètre vingt de haut...Grosse frayeur, car si j'y bascule je pose la voiture sur le côté voir sur le toit.
Grosse montée d'adrénaline, surtout ne pas paniquer et faire n'importe quoi, je passe un rapport supérieur pour passer en sous régime, braque et contre braque légèrement espérant retrouver de l'adhérence tout en freinant tout doucement de temps en temps.
La voiture s'arrête. Je regarde dehors...le fossé est à moins de trois centimètres de mes roues.
Je souffle un grand coup. Mais la partie n'est pas gagnée, il me faut maintenant redémarrer sans partir en glisse ce qui va être très aléatoire. Je redémarre en sous régime, au ralentit ; la voiture prend de l'accroche, centimètres par centimètres je me décale du fossé quand enfin je sens que ça peut mordre j'accélère pour regrimper au centre de la piste.
Ouf, ça y est ! Mais que me réserve la piste.
Je suis dans un état de concentration et de tension extrême. J'ai déjà le dos qui manifeste son mécontentement.
J'arrive alors sur une zone où il n'a pas plut. Grand moment de soulagement. Cela fait déjà près de quatre heures que je suis parti pour n'avoir parcouru que quarante kilomètres.
La pression retombe, la piste est bonne, je repasse en boite longue et déroule.
J'arriverais à Isibania vers 12h30.
Je refais le plein et m'aperçois que j'ai un pneu dégonflé. Je le remet à pression et arrive au poste frontière.
Pour passer la première barrière, il faut payer...environ l'équivalent de deux à trois euros...tous ça pour qu'un gugusse ouvre...ça promet !
Je me gare, de suite je suis assaillit par des personnes bien intentionnée qui veulent me guider dans mes démarches...J'essais de m'en débarrasser et entre dans le premier bureau. Ici c'est pour contrôler les papiers du véhicule, et octroyer un laisser passer. Mon agence de location m'avaient dit qu'ils appèleraient le poste frontière et s'occuperaient des formalité...Bien entendu...rien n'a été fait !
Je présente donc mon passeport et mon contrat de location. On me demande les papiers du véhicule (logique), mais je ne les ai pas puisque l'agence ne nous en laisse même pas une photocopie...très pratique !
Les agents, très logiquement d'ailleurs, ne sont pas très chaud pour me laisser passer. J'insiste un peu, plaisante avec eux, ils me demande alors d'aller faire une photocopie du contrat de location. Je dois ressortir du poste de frontière aller dans le village et m'acquitter de cela. Je reviens avec mon papier, je rempli un formulaire...Comme je le peux puisque la plupart des données comme le nombre de chevaux fiscaux, le numéro du châssis et du moteur, le montant du véhicule etc je ne les connais pas.
J'obtiens mon papier et entre dans un second bureau. Ici je leur présente mon document, mon passeport, mon formulaire de douane dument rempli.
On plaisante un peu, ils sont assez abasourdi de me savoir seul, du coup nous tapons un petit brin de causette.
J'ai mes tampons je peux donc passer côté Tanzanien.
Je retourne à la voiture et aperçois que mon pneu est ce coup ci bien à plat.
Je décide de le changer ici plutôt qu'après histoire d'être « moins » assailli par dix mille mains. Je me gare en retrait très vite rejoins par sept messieurs qui expriment toute leur bonne volonté de m'aider. Je les en remercie et refuse.
Je commence à desserrer les boulons et là comme habituellement les voici à l'assaut tels des ours sur un pot de miel à vouloir me donner un coup de main.
Je ne peux pas donner un tour de clé sans risquer de pincer les doigts à l'un ou mettre un coup de coude à un autre, c'est usant et ça me fait perdre du temps !
Je sors le cric, pendant ce temps là l'un d'eux s'est emparé de la clé et continu de s'occuper de la roue. Une fois la voiture levée et la clé récupérée je descend la roue de secours.
Je la fait rouler près de celle à changer, et au moment de la basculer au sol, l'un d'eux me dérange, du coup je prend le rebond de la roue dans l'index ce qui me le retournera un peu fort et je m'en sortirais avec une bonne entorse de la première phalange !
Là je pose tout, me retourne vers les gars et leur lance plus fermement d'aller voir ailleurs, que je n'ai nullement besoin de leur aide et que de toute façon je ne leur donnerais pas d'argent !
Je poursuis mon affaire, range tout, mais quand je veux redescendre le cric celui ci est bloqué et ne veux pas redescendre...je n'ai pas d'huile pour essayer de le dégripper...J'essais donc de bidouiller avec mon couteau.
Les loustiques, toujours restés à mes côtés y vont de toutes les théories, c'est une cacophonie j'ai la tête en carafe ! L'un d'eux à l'idée saugrenue de vouloir soulever la voiture par le côté à trois, et que moi je retire le cric...Ils pensent vraiment soulever deux tonnes cinq à trois avec les amortisseurs que ça a...et puis s'ils arrivent à dégager suffisamment, au moment où je vais retirer le cric ils vont prendre un sacré retour...c'est un coup à ce qu'un se blesse et que je sois considéré comme responsable...Une seule solution m'apparait, je leur demande de s'écarter du véhicule.
Le cric est positionné à l'avant droit sur le pare-buffle. Je démarre le véhicule lâche le frein à main, et enclenche la marche arrière, et paf me voici au sol.
Certes le cric et le pare-buffle ne doivent pas trop apprécier, mais on a qu'à me fournir du matériel en état de marche !
Je range le cric, et bien entendu les voici de nouveau tous à la charge à me demander de l'argent parce qu'il m'ont aidé...je les envoi paitre et file côté Tanzanien.
Première étape, remplir le formulaire et obtenir le visa. Cela va assez vite, il est juste préférable d'avoir des US$. Le douanier ne voulait pas de mes euros au début, puis il a accepté en se plantant dans le taux de change (à mon avantage pour une fois!).
Je sors et dois me rendre dans un second bureau pour le laisser passer du véhicule. Ici on me demande une photocopie de mon passeport...Je repasse côté kenyan et retourne au village, là je fais deux copies au cas où...
Je reviens, on me tend un papier en me disant tu passes dans le bureau à côté pour payer ! Pardon ? Là je me ferais encore entubé car je n'ai pas de US$ (on va dire que ça compensera la bourde de l'autre). J'obtiens mes papier et dois aller dans un ultime bureau, le poste de police. On vérifie tous mes papiers, c'est bon je peux enfin entrer en Tanzanie. Ah nouvelle barrière, je dois encore payer pour la grande dépense d'énergie que représente le fait de soulever ce bout de métal. Je m'en acquitte et fonce plein sud.
J'aurais passé trois heures dans toutes ces démarches...Ceux qui me connaissent doivent savoir dans quel état j'étais, tant j'adore ces moments...
J'ai une trentaine de kilomètres à parcourir avant d'arriver à la première ville (Tarime). J'en profite pour retirer de l'argent (400 000 TzSh) sans en connaître le taux de change. C'est le maximum que me propose le distributeur. On a l'impression d'être riche avec ça.
Je poursuis en direction du Serengetti national parc.
Peut après Mara Mines, mon pneu avant droit est à nouveau à plat ! Je n'aurais même pas parcouru quatre vingt kilomètres dont une cinquantaine de route goudronnée puis une piste tout a fait correcte !!!
La poisse ! Je change ma roue, bien plus rapidement cette fois ci n'étant pas enquiquiné en permanence. Mes deux roues de secours sont désormais à plat. Je dois absolument les réparer avant d'entrer dans le Serengetti. Je trouverais un petit garage plusieurs kilomètres plus loin qui s'en chargera. J'en profite pour faire le plein et repars en direction de la Ikoma Gate.
J'ai peur d'arriver après la fermeture, j'appuis alors sur le champignon. Je désire connaître les tarifs d'entrée et s'il prennent les cartes bancaires. J'arrive tout juste, ouf ils prennent la carte ! En revanche les tarifs picotent...C'est 50US$ l'entrée, plus 40US$ pour la voiture, plus 30US$ si on passe une nuit dans le parc...Ca fait 120US$ les 24h...Franchement abusé ! Tandis que si on a un véhicule tanzanien c'est environ 5US$ (pour la voiture)...A croire que les véhicules étrangers endommagent plus le territoire que les autres !
Je décide alors de trouver un camp à l'extérieur du parc et d'y passer la nuit.
J'atterrirais dans un superbe Tented camp à environ vingt minutes de la gate. On me propose des tentes à 85US$ la nuit en pension complète. J’accepte, ça me permettra de tout recharger.
Le réceptionniste décide de me montrer une autre tente, au cas où...Effectivement elle est splendide ! Un lit de deux mètres de large, une très jolie salle de bain etc...Il m'annonce le tarif...285US$ la nuit mais me dit que puisqu'il n'y a pas grand monde il peut me faire un prix.
Je lui dit que s'il me la fait au même prix que l'autre bien entendu je prend, mais que sinon puisque je ne suis pas accompagné, je n'ai pas grand intérêt à avoir une telle tente (mais j'avoue qu'en couple...). Il téléphone à son manageur, et me propose 150US$, moi 110, et on restera là dessus. Avec la journée éreintante que j'ai eu un bon lit et un bon repas ne sera pas du luxe.
Je passe au bar pour une bière et un gin tonic en attendant que l'eau chauffe pour prendre une douche salvatrice. Une fois lavé et changé je retourne au bar retoucher quelques photos et rencontre deux française avec leur guide. Ils m'inviteront à diner à leur table (il n'y a que nous au lodge) et j'apprendrais que l'une d'elle, Sophie, habite Mayotte. Elles sont épuisée, et rejoindront Morphée juste après leur diner, moi je sirote un dernier gin tonic en poursuivant mon tri photo et me coucherais vers 23h30.