Inondations à Samburu

[Massago]

Faut-il opposer actions caritatives et tourisme ? Les 2 sont bien utiles à l'Afrique en particulier lors de ce genre d'événement. A chacun suivant sa sensibilité et ses mobiles personnels. En tout cas c'est une question compliquée et en pesant les "pour" et les "contre" j'aurais bien du mal à dire ce qui en fin de compte a le plus d'effet positif sur les conditions de vie des habitants.

Jérôme

Bien évidemment qu'il ne faut pas opposer le travail des ONG et le tourisme. Le Kenya a besoin de ce secteur d'activité. Mais admettons que le tourisme a aussi un impact négatif dans les réserves et parcs nationaux, en particulier à Masaï Mara dont voici quelques chiffres :
- en 1963, c'était la construction du 1er lodge à Masaï Mara (Keekorok), en 1997, il y avait 25 lodges permanents sans compter les camps permanents et temporaires aux limites de la réserve. Combien y a-t-il aujourd'hui d'infrastructures touristiques à Masaï Mara. Chacun y va de l'acquisition de son petit lopin de terre pour y implanter son campement ! Ah oui j'oubliais, dans le respect de l'environnement et en pratiquant l'écotourisme... Bein voyons, je les crois !!!
- 114000 visiteurs en 1980, puis 255000 visiteurs en 1990 !
- 17160 véhicules ont circulé dans la réserve en 1980, 33110 véhicules en 1990 !
- Il fut un temps, le hors piste était toléré, imaginez les dégâts sur la flore et le dérangement pour les animaux (guépards, lions, rhinos...).
- 44 villages masaï en 1950, 368 en 2003. Ne me dites pas que le tourisme n'y est pour rien, du moins indirectement et directement pour certains villages bien installés aux entrées des parcs.
Et on peut se mettre à parler des déchets et des décharges que certains animaux fréquentent près des lodges : babouins, hyènes, éléphants. A Amboseli, des éléphants sont morts après avoir ingurgité des déchets dans les décharges de lodges. A l'époque, fallait attirer les animaux près des lodges pour satisfaire les touristes. Du coup, éléphants et léopards sont devenus inféodés à ce qu'on leur donnait.
Vous savez sans doute que certains lodges continuent à nourrir hyènes, léopards et crocodiles !!!

Bon, j'arrête pour les chiffres car il y aurait encore beaucoup à dire. Je vais, cette semaine, faire un dossier sur le sujet et il sera en ligne sur le site de notre association.

Par contre, Jérôme, je ne vois pas le rapport entre le tourisme et ce genre d'évènement, car, au contraire, il arrive souvent que des séjours soient annulés à cause de ce type de catastrophe. Du moins, concernant Samburu, je ne vois pas ce que le tourisme va apporter comme aide puisque certains lodges sont fermés.

[ojeff]

Bien évidemment qu'il ne faut pas opposer le travail des ONG et le tourisme. Le Kenya a besoin de ce secteur d'activité.

Tout à fait   

Par contre, Jérôme, je ne vois pas le rapport entre le tourisme et ce genre d'évènement, car, au contraire, il arrive souvent que des séjours soient annulés à cause de ce type de catastrophe.

Il m'avait semblé lire comme un soupçon de reproche dans tes propos vis à vis des touristes qui contunaient à se préoccuper de leur séjour au Kénya alors que la population était durement touchée par les inondations. Peut-être ai-je mal compris. Je suis d'accord avec toi : la dernière chose dont a besoin le pays serait que les touristes le fuient du fait de ces événements. Sinon, c'est la double peine : catastrophe naturelle (ou sociale, comme il y a 2 ans avec les émeutes) suivie d'une catastrophe économique. Mon point était de dire que l'on peut tout à fait considérer le fait de maintenir son projets dans des passes difficiles comme une action de solidarité avec le pays touché...au même titre que l'envoi d'un chèque ou la participation à une action humanitaire.

Jérôme

[SHABA]

Du moins, concernant Samburu, je ne vois pas ce que le tourisme va apporter comme aide puisque certains lodges sont fermés.

Ce qui laisse sous-entendre que lorsqu'ils sont ouverts, une partie de l'argent dépensée (si petite soit-elle, et je le déplore) par les touristes bénéficie donc aux populations locales.

Quand on sait le nombre de pièges découverts dans le mara triangle (4176 en 2009 pour 198 arrestations), on peut commencer à s'inquiéter, donc à s'intéresser au sujet.
Alors en plus, lorsqu'une catastrophe naturelle vient s'ajouter aux difficultés des ONG qui oeuvrent sur le terrain, j'ai envie de dire qu'il serait bien de penser autrement...

Agir certes, mais il ne faut pas non plus jeter l'opprobre sur les touristes, ils ne sont pas responsables de TOUS les maux du Mara.

De plus, je maintiens que "effectivement" certains camps particuliers, même leur but est à finalité commerciale, essayent de préserver au maximum l'écologie...



 

[Massago]

Shaba, la population locale, malheureusement une trop faible minorité, profite du tourisme par des emplois dans des lodges. Tous les employés des lodges ne sont pas que des gens de la ville. Est-ce un bien, est-ce un mal ? Le fait est que la sédentarisation est presque imposée, d'où l'implantation de villages permanents à proximité des entrées de parcs et réserves. Donc, oui, une partie de l'argent dépensé par les touristes revient aux salariés et à ceux et celles qui vendent leurs produits dans des petites boutiques ou à l'entrée des parcs.

Bien sûr que certains, je dirais même presque tous aujourd'hui, tentent de réduire au maximum l'impact qu'ils peuvent avoir sur l'environnement. Mais la multiplication des lieux qui accueillent les touristes a, de fait, un rôle négatif sur la nature et les espèces. Et on ne m'enlèvera pas de l'idée que l'emploi des expressions "respect de l'environnement" et "écotourisme" est trop souvent abusif et sous-entend une technique commerciale qui marche très bien d'ailleurs. Ce que j'aimerais, c'est participer à l'un de ces circuits pour bien écouter le discours de ceux qui les organisent ou de ceux qui les guident... N'ayant pas d'expérience à ce sujet, je n'anticiperai pas.

Jérôme, je ne peux me permettre de faire des reproches à propos des touristes, je dirais même à propos de ceux qui aiment l'Afrique, qui aiment les animaux. Je vais de temps en temps au Kenya et donc je ne me considère pas en dehors de ce phénomène. La seule chose que je souhaite, c'est encore une fois la prise de conscience de tous. Je refuse de penser que toute tentative sera vouée à l'échec. Tout est question de mentalité. Pour preuve, la différence flagrante entre les populations de la région de Samburu et celles du sud Kenya vis-à-vis des conflits hommes / animaux.

Alors, est-ce que faire des safari-photos au Kenya permet de participer à la sauvegarde des espèces et à la protection de l'environnement ? Oui, un peu, par le biais des entrées de parcs. Mais sincèrement, je pense que le travail de certaines ONG aboutira toujours a un résultant plus probant.
C'est juste mon avis...

[Massago]

Juste pour info, quelques photos prises à Samburu après l'inondation.
Campements détruits, pont permettant le passage entre Samburu et Buffalo Springs disparu, animaux morts (vervet, dik-dik).

http://www.afrique-horizons.org/save-the-elephants.htm

J'aimerais tellement lire et entendre que quelques TO reverseront un peu de leurs bénéfices pour soutenir les populations touchées et la reconstruction de certaines infrastructures d'ONG. Je sais, je suis un grand rêveur ! Mais bon, sait-on jamais...

[SHABA]

Merci pour le lien

 

[Massago]

Pour info, quelques nouvelles de Samburu et plus particulièrement du campement de Save the Elephants, pendant et après les inondations. Reconstruction en cours et les travaux de recherche ont repris.

Pour plus d'infos et de photos, vous pouvez consulter notre site à la page : http://www.afrique-horizons.org/save-the-elephants.htm