Nos premiers pas en Afrique se seront donc accompagnés des premiers pas d'un de ses habitants
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26/12/07
Aujourd’hui c’est le grand jour … quoique tous les jours sont « grands » ici, mais nous sommes attendus à Sabi Sand pour le game drive du soir. Nous prenons nos aises et sommes à midi à Orpen où nous faisons un dernier braai avec ce qui nous reste de provisions. Ensuite, dilemme : tentons-nous un « raccourci » pour arriver à Sabi Sand ou nous tenons-nous sagement aux grandes routes, sur lesquelles nous pourrons plus facilement retomber sur nos pattes si on se perd
?
On pose donc la question aux rangers de la gate, en sortant, ils doivent connaître le coin. Ca oui, ils le connaissent, trop bien même. « First, you go rrrrrright. And then you drive. Go strrrrrrrraight. And then you turn … rrrrrrright. And then you get to a T-junction. You turn left. And then you get to another T-Junction. And then you turn rrrright. And then you turn … nowhere. You go strrrrrraight. And then you ask !! ».
On a pris les grandes routes et on est passés par Acornhoek. La route goudronnée, pas de problème, mais à l’approche de la réserve, la route n’est plus goudronnée du tout, et se parsème de débris de verre, et puis il y a du bétail partout. Entre ça et les nids de poule, on a commencé à suer à grosses gouttes et à se demander si l’entrée de Sabi Sand était encore loin. Finalement nous y voilà.
Chic ! Ici les routes ne sont plus envahies de bétail ni de tessons de bouteilles, mais la quantité et la taille des nids de poule va en augmentant. Avec notre 2x4 pas question de tenter d’acrobaties donc on y va lentement. Heureusement nous arrivons une demi-heure avant le départ du game drive.
Nous voilà à Elephant Plains. Nous sommes accueillis par notre ranger, Morne, et par notre pisteur, John. Un petit jus de fruits de bienvenue, on dépose les affaires et on saute dans la Jeep où a déjà pris place, tout devant, un couple de Hollandais. Nous nous positionnons à l’arrière … et la Jeep démarre. Bon techniquement ce ne sont pas des Jeeps mais des Rovers, vous me pardonnerez ces imprécisions. C’est comme à la télé dites donc : le pisteur assis sur son siège à l’avant, hors de la voiture, le ranger qui se tient en contact radio avec ses collègues des autres lodges, et ô bonheur seulement 4 passagers, dont nous deux, dans le véhicule.
Pendant que nous faisions nos game drives tout seuls dans les parcs, nous avons fait bien attention, notamment avec les éléphants ou les buffles, à ne pas nous approcher de trop près et, si les animaux nous regardaient un peu de travers ou montraient un quelconque signe d’inquiétude, à ne pas éteindre le moteur.
A peine sortis du lodge depuis 5 minutes, nous tombons sur un grand troupeau d’éléphants à un point d’eau, en train de s’abreuver et de s’asperger. Morne nous conduit près, tout près des animaux, à tel point qu’ils sont trop près pour nos objectifs, et il coupe le moteur
!! On l’a pris pour un fou mais visiblement il savait ce qu’il faisait, et les éléphants ont continué à vaquer à leurs occupations sans s’occuper de nous. Ils ont bougé, se sont même rapprochés, on aurait presque pu tendre la main et les toucher !!
Un éléphanteau, le plus petit qu’on ait jamais vu, une vraie cacahuète, tétait sa mère. Difficile de l’apercevoir et de le photographier parce que les autres lui faisaient systématiquement un écran de leur corps massif, et quand le champ était libre, il y avait de la végétation. Moment très intense en tout cas que d’être en plein milieu de cette famille éléphantesque dans ses ablutions.
On se remet en route. Nous nous préparons déjà psychologiquement en se disant qu’on a eu beaucoup de chance et qu’il se peut très bien qu’on ne voie plus rien ensuite.
Mais des buffles nous attendent dans leur mare de boue dans laquelle ils sont affalés et immergés presque jusqu’au garrot. Deux buffles dans une mare et quelques congénères un peu plus loin. Les « baigneurs » profitent tout à leur aise de leur bain de boue, et ouvrent de temps en temps un œil ou remuent une oreille pour chasser une mouche importune.
La radio crépite. On ne comprend absolument rien à ce qui se raconte mais Morne redémarre et nous roulons un petit moment. Soudain il bifurque brusquement sur la gauche, en plein dans les hautes herbes, pour s’arrêter pratiquement sous un arbre. Y aurait-il un léo dans l’arbre ? Nous en frémissons d’impatience … mais pas de léo dans l’arbre
.
Il est par terre, à trois mètres de nous, couché dans les hautes herbes
. Ou plutôt, ELLE est par terre, allongée dans une pose si typiquement féline, à mâchouiller des herbes comme le font nos petits chats européens. Ses yeux … impossible de mettre des mots sur l’émotion qui m’étreint à ce moment-là, un vrai coup de foudre
. J’avais déjà vu des léos en photo mais c’est mon premier « vrai » léo, là, devant moi, et je crois bien que c’est le plus bel animal que j’aie jamais vu. J’adore tous les félins, du chat de gouttière au lion, mais celui-là possède à mon sens une majesté inégalable.
Au bout de quelques instants de stupeur je me rappelle subitement, au son du Mark II de Pierre qui mitraille joyeusement, que moi aussi j’ai un appareil photo entre les mains
.
Finalement Nyeleti semble se lasser de l’herbe. Morne, le ranger, fait le tour de l’arbre sur un signe du pisteur … « mais pourquoi il nous ELOIGNE du léo ?! », me dis-je, horrifiée …
... parce que ledit léo a décidé que l’herbe c’était très bien, mais que décidément de l’impala c’était beaucoup mieux
. Nyeleti grimpe donc dans l’arbre (quelle détente ! moi par contre je n’en ai pas eu assez, de la détente, pour la prendre en plein « vol »).
Elle reprend donc son repas là où elle l’avait laissé. Il s’agit d’un jeune impala dont on ne voit dépasser que les pattes antérieures, le reste du corps étant coincé dans une fourche formée par de grosses branches. Les pattes de l’impala tressautent de temps à autre, au rythme des bouchées arrachées par le léo, qui s’installe ensuite confortablement sur une branche horizontale pour digérer.
Une autre Jeep d’Elephant Plains est là, et nous finissons par leur laisser la place (à regret, en ce qui me concerne, mais chacun son tour).
Nous reprenons le game drive pour tomber sur un lion mâle qui semble poser exprès pour nous sur un énorme rocher. Il semble encore jeune et surtout pas décidé à bouger, ce qui finalement nous arrange plutôt. Il nous offre tantôt son meilleur profil, tantôt une vue sur ses mignonnes petites quenottes que nous découvre un bâillement …
Décidément cette première demi-journée à Sabi Sand démarre fort, très fort : 4 des Big 5 en un seul game drive
.
De retour au lodge un petit amarula nous attend, bien frais, pile à la descente de la voiture. C’est qu’on s’habituerait vite à ce genre de vie, me dis-je alors que nous regagnons notre bungalow pour nous rafraîchir avant le repas du soir qui se tiendra dans le boma.
Pour fêter ce game drive et notre premier léo nous reprenons un apéro au bar et conversons avec les deux Hollandais et aussi un couple de Sud-Africains d’origine indienne. Lui est ici pour son boulot et son épouse profite de l’aubaine ; il travaille dans le tourisme et est en « repérage » pour envoyer des clients ici. Le boulot, comme il nous le raconte en riant, n’est pas des plus désagréables !
Le tam-tam retentit et nous nous dirigeons vers le boma où le buffet et les tables ont été dressés. Notre ranger s’empresse de s’installer en bout de table, de l’autre côté du boma, avec un collègue. Pour notre part nous nous attablons avec les deux Hollandais et avec un couple de jeunes mariés Français qui a malheureusement raté le game drive. Il avait été question que nous refassions un crochet pour passer les prendre en cours de game drive mais nous étions réellement trop éloignés du lodge lorsqu’ils sont arrivés.
Après le repas on nous amène de longues brochettes et un plat rempli de marshmallows que nous allons faire griller sur le feu au milieu du boma. Et ainsi s’achève cette journée riche en rencontres humaines et animales.