Par Par François AUSSEILL AFP -
il y a 1 heure 34 minutes
NAIROBI (AFP) -
"Au moins 149 personnes ont été tuées au Kenya depuis le 27 décembre dans les violences qui ont accompagné la réélection contestée du président Mwai Kibaki, a-t-on appris lundi de sources policières et auprès de la morgue de Kisumu (ouest).
Six personnes ont été tuées lundi après-midi à coups de machette, à Mombasa, deuxième ville du Kenya, lors d'affrontements entre groupes rivaux, a-t-on appris de source policière.
"Nous avons confirmé que six personnes avaient été tuées à la machette lors d'affrontements ici à Changamwe", un quartier de la ville portuaire, a déclaré un commandant de police de Mombasa qui a requis l'anonymat.
Huit personnes ont également été tuées lundi lors d'émeutes dans un des bidonvilles de Nairobi, Korogocho, selon une source policière. Au total, 48 personnes ont été tuées dans les bidonvilles de la capitale depuis l'annonce dimanche après-midi des résultats de la présidentielle.
Cinq autres victimes étaient recensées à Nakuru (centre) et Molo (ouest), toujours selon une source policière.
Ces 19 nouvelles victimes portent à 149 le bilan des violences post-électorales.
Ces violences à caractère politique sont les pires dans le pays depuis une tentative de coup d'Etat avortée en 1982.
A Kisumu, fief du candidat de l'opposition Raila Odinga, les corps de 46 personnes, présentant des blessures par balles, se trouvaient lundi matin à la morgue de l'hôpital provincial, a-t-on appris auprès d'un employé de la morgue.
"Ces corps ont été amenés (dans la nuit de dimanche à lundi) par des policiers", a déclaré à l'AFP, sous couvert de l'anonymat, cet employé qui a compté les dépouilles.
Sept autres cadavres se trouvaient dans l'enceinte de l'hôpital dans l'attente de leur transfert à la morgue, selon un correspondant de l'AFP.
Un couvre-feu a été imposé à Kisumu de 06H00 à 18H00 et la police "a reçu l'ordre d'abattre" ceux qui le violerait, a indiqué anonymement à l'AFP un haut responsable policier.
A Nairobi, 40 personnes ont été tuées dans les violences qui ont embrasé plusieurs bidonvilles, a-t-on indiqué de source policière.
De source policière, on dénombrait également sept morts à Nakuru (centre), quatre dans un village de la vallée du Rift (centre) tandis qu'une source médicale confirmait à l'AFP six morts à l'hôpital de Kakamega, dans la province occidentale.
Quelques minutes après l'annonce dimanche de la réélection de M. Kibaki pour un dernier mandat présidentiel, des émeutes meurtrières ont éclaté dans les fiefs de M. Odinga, à Kibera, le plus grand bidonville de Nairobi, et dans plusieurs villes de l'ouest du pays.
Dans la capitale, dont le centre était déserté, de nouvelles émeutes ont éclaté lundi à Kibera. Les forces de l'ordre étaient positionnées pour empêcher des émeutiers de gagner le centre de Nairobi, à sept kilomètres de là.
Peu avant l'annonce de sa défaite, M. Odinga avait accusé le président Kibaki d'avoir fraudé sur au moins 300.000 voix. L'écart entre les deux candidats est de 231.728 voix, selon les résultats officiels.
Le camp de M. Kibaki a démenti toute fraude, accusant en retour les partisans de M. Odinga d'avoir triché dans leurs fiefs.
Lundi, Raila Odinga a appelé les Kényans à une "action de masse pacifique" le 3 janvier alors que la police a interdit un rassemblement initialement prévu dans l'après-midi à Nairobi, menaçant d'arrestation M. Odinga s'il avait lieu.
"Nous informerons à chaque instant la police de ce qui va se passer et il y aura une marche pacifique", a déclaré M. Odinga lundi.
Le gouvernement kényan avait également ordonné dimanche soir la suspension immédiate de la diffusion en direct par les radio et télévisions des reportages sur les émeutes.
Les affrontements du week-end - dans un pays d'ordinaire calme mais qui a une tradition de violences électorales - et les accusations de fraudes ont provoqué l'inquiètude des partenaires occidentaux de Nairobi.
Si le département d'Etat américain a félicité M. Kibaki, l'Union européenne a accueilli froidement l'annonce de la victoire du président sortant et la Grande-Bretagne - l'ex-puissance coloniale - a exprimé de "réelles inquiétudes sur les irrégularités" du scrutin.
Les Etats-Unis appelaient cependant lundi MM. Odinga et Kibaki à coopérer tandis que la Russie leur demandait de "faire preuve de retenue".
Les autorités ont décrété un jour férié lundi. Depuis le jour de Noël, toute activité économique a presque cessé au Kenya, en raison des fêtes, des élections générales et des tensions post-électorales.
Les Kényans éprouvaient lundi de plus en plus de difficultés à s'approvisionner en nourriture. A Mombasa, deuxième ville du pays, des scènes de pillages de magasins d'alimentations ont été rapportées."
Là ça commence à être inquiétant!
Le risque serait que l'armée et la police volent en éclats et que chacun devienne le bras armé de son ethnie d'origine...comme en Côte d'Ivoire il y a qq années...Pfff